

Son retour au pouvoir a été un séisme suivi d'incessantes répliques économiques, diplomatiques, politiques : Donald Trump célèbre mardi ses 100 jours auprès de partisans plus fervents que jamais, quand l'Amérique, elle, déchante.
Depuis le début de journée, le président républicain partage sur son réseau Truth Social les louanges de ministres, d'élus et d'éditorialistes conservateurs.
"Il est le dirigeant américain le plus important du XXIème siècle et c'est un euphémisme", a déclaré le patron de la Chambre des représentants, le républicain Mike Johnson.
La porte-parole de la Maison Blanche Karoline Leavitt a marié superlatif et pléonasme pour saluer le "début de présidence le plus historique de l'histoire américaine".
Et le ministre de la Défense Pete Hegseth a fait la promotion en vidéo d'un colifichet baptisé le "Mont Trumpmore" : une réplique miniature du Mont Rushmore, avec le visage de Donald Trump ajouté à ceux de George Washington, Thomas Jefferson, Theodore Roosevelt et Abraham Lincoln.
Pour marquer cette étape symbolique, le milliardaire républicain, désireux de renouer avec l'ambiance survoltée de ses meetings, se rend mardi sur le lieu de l'un de ses derniers rassemblements de campagne, dans une région industrielle du Michigan (nord).
"La première fois, je devais faire deux choses : diriger le pays et survivre, j'avais tous ces escrocs autour de moi", a dit Donald Trump aux journalistes de The Atlantic, en référence aux valses de ministres et conseillers de son premier mandat (2017-2021).
Mais cette fois, du moment où il a levé la main pour prêter serment le 20 janvier sous la coupole du Capitole, le républicain s'est imposé comme le seul centre de gravité de la vie publique américaine, et il a entraîné la planète entière dans son orbite chaotique.
"La deuxième fois, je dirige le pays et le monde", s'est-il félicité lors du même entretien, en assurant aussi, auprès des reporters du mensuel, qu'il "passait un très bon moment".
Ce n'est pas le cas de tous les Américains, déboussolés par le bras de fer commercial qu'il a engagé avec la Chine, visée par des droits de douane de 145%, et dans une moindre mesure avec le reste du monde.
Rien d'étonnant à ce que Donald Trump, dont la carrière politique s'est faite en creusant les divisions, ne connaisse pas l'état de grâce accompagnant généralement les 100 premiers jours d'un président.
Mais les sondages d'opinion s'accordent pour constater une glissade abrupte de sa cote de confiance, nourrie principalement par les doutes sur sa politique économique, pourtant un point fort depuis toujours au niveau électoral.
D'après un sondage publié dimanche par le Washington Post et ABC News, 39% des Américains seulement "approuvent" la manière dont Donald Trump mène sa présidence.
Il "a promis aux Américains un +nouvel âge d'or" mais au bout de cent jours la seule chose dorée c'est la décoration du Bureau Ovale", a critiqué dans un communiqué le parti démocrate.
"Trump n'a rien fait pour améliorer la vie des familles de la classe moyenne et ces dernières commencent à regretter leur choix" électoral, assure la formation d'opposition, qui souffre d'un profond discrédit selon les enquêtes d'opinion.
Sans véritable opposition, entouré seulement de fidèles dévoués, Donald Trump a totalement bouleversé le rôle international de l'Amérique.
Il la dépeint comme une puissance pillée par ses alliés qui aurait tout intérêt à se replier sur une sphère d'influence régionale, étendue si possible au Groenland voire au Canada, dans une vision du monde proche de celle du président russe Vladimir Poutine.
Le républicain a déjà signé plus de 140 décrets - dont beaucoup ont été bloqués en justice - pour attaquer ses adversaires politiques, lancer une politique d'expulsions massives d'immigrés en situation irrégulière et démanteler la bureaucratie fédérale avec l'aide de son allié Elon Musk.
64% des personnes interrogées dans le sondage Washington Post/ABC News jugent qu'il va "trop loin" dans sa tentative d'étendre les pouvoirs présidentiels.
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